L’hiver : une des cinq saisons de la médecine traditionnelle chinoise

La médecine traditionnelle chinoise associe un organe et un élément à chaque saison. Pour l’hiver, il s’agit du REIN (shèn, rein), et de l’ EAU (, shuǐ, eau).

LES REINS

Aux reins correspondent la vitalité, l’élan vital, la transmission de la vie, la sexualité, la créativité, la fécondation ; la volonté, l’habileté, l’adresse, l’intelligence. Ils gèrent les entrailles curieuses et ce qui est lié à la longévité (moelle, vaisseaux, utérus, vésicule biliaire, cerveau) ; Ils sont la résidence du Zhi (vouloir vivre, volonté) ; ils stockent l’énergie du Ciel Antérieur (prénatale ; l’empreinte de tout notre héritage), le JING, notre ADN, notre génétique.

Notre longévité en bonne santé dépend de la santé de nos reins.

La peur affaiblit les reins

Extrait du Nei Jing Su Wen

« Les trois mois de l’hiver sont une période où tout se renferme et se cache : l’eau gèle et la terre se fendille.
Alors, il faut éviter de perturber le Yang ; on se lève et se couche, en suivant le mouvement du soleil.
La volonté sera endiguée et tenue en laisse, et la pensée plus introspective : le regard se tourne vers l’intérieur.
Éviter le froid en cherchant la chaleur, sauf aller cependant jusqu’à transpirer.
En hiver, on doit subir une privation d’énergie (Yang), et tout cela répond à son influx qui concerne le stockage et la conservation.
Ne pas en respecter le principe affecte le Rein et le Foie risque d’en souffrir au printemps. »

Commentaires du texte

« Les trois mois d’hiver sont appelés « fermer (BI) et mettre en recel (Cang) ».
L’eau gèle, la terre se fend, on s’abstient d’importuner le yang.
On se couche tôt et on se lève tard. Il faut attendre les premiers rayons du soleil.
On exerce son vouloir comme si l’on était tapi, comme si l’on était caché, comme si l’intention tout entière était tournée vers soi, comme si on obtenait une pleine conscience de soi même.
On s’éloigne du froid et on recherche la tiédeur en évitant toute dispersion par les couches de la peau, de manière à vite et bien retenir en soi les souffles vitaux.
Telle est la correspondance aux souffles de l’hiver et la voie pour nourrir le mouvement de mise en recel.
Aller à l’encontre de cela briserait les reins et produirait au printemps des épuisements et des paralysies par insuffisance de l’offrande à l’élan de création (Sheng) spécifique de printemps (Su Wen, chapitre II)

Symbolique de l’hiver

L’hiver correspond aux mois de novembre, décembre, janvier, début février.
Il exprime l’accomplissement du  non-agir, celui qui rend possible la plongée dans ses propres racines et le point d’appui et lieu de la dynamique de remontée.

Fermer (BI) et mettre en recel (CANG) cela exprime la thésaurisation des forces essentielles de vie qui gouvernent l’hiver. Les énergies porteuses d’essence vitale sont précieusement enfermées dans les organes profonds au niveau desquels se fait la circulation la plus intense (sur le modèle des arbres dont la sève se recueille à la base du tronc et dans les racines.

L’hiver est une période d’intériorisation et de conservation des énergies qui peuvent maintenant être transformées et reconstruites en profondeur selon les besoins. La qualité des actions entreprises et de la maturité (spirituelle) atteinte par le Cœur durant la saison estivale, ainsi que la capacité du Poumon à l’automne à rassembler et concentrer ces énergies, aura un effet direct sur la profondeur et la qualité de la reconstruction énergétique à l’hiver. La saison hivernale est donc une période propice à la réflexion et à la méditation. Moins s’extérioriser (conserver le Yang), donner la chance aux énergies de se reconstruire, en évitant de gaspiller celles-ci inutilement.

Le précédent paragraphe évoque l’étroite corrélation qui existe entre l’incessant passage des saisons et les transformations correspondantes qui se manifestent à l’intérieur de l’être humain. Le mouvement énergétique qui s’amorce dans la nature à un moment donné induit un mouvement similaire dans l’énergie (Qi) et les structures anatomiques (organes internes) de l’homme. Suivant cette pensée, selon que les saisons estivale et/ou automnale ont été satisfaisantes ou non tant sur le plan physique que psychologique, il en résulte la qualité de notre énergie actuelle à l’hiver. Donc, si le mois de novembre a été plutôt difficile pour nous (l’hiver débute vers la mi-novembre en médecine chinoise), et si les malaises perdurent encore en décembre (ex: faiblesse des lombes ou de la colonne vertébrale, faiblesse des os, troubles de l’audition, troubles urinaires, fatigue, troubles du sommeil, anxiété, mauvaise mémoire, frilosité inhabituelle…), il serait peut-être souhaitable de faire un bref retour en arrière pour se remémorer les mois d’été: Est-ce que ceux-ci se sont bien déroulés ou avons-nous rencontré des difficultés ou vécu un stress inhabituels? Est-ce que les moments vécus durant l’été ont été satisfaisants pour nous ou ont-ils été plutôt contraignants ?

Pour que l’hiver puisse se dérouler harmonieusement tant physiquement que psychiquement, il aura fallu que le Cœur (été) puisse transmette une belle qualité d’énergie au Poumon (automne), et qu’à son tour le Poumon transmette une bonne énergie au Rein l’hiver venu. C’est ce qu’on appelle le cycle d’engendrement (Sheng), ou chaque saison transmet le fruit de son travail spécifique à la saison suivante. Les organes internes sont ainsi régénérés et stimulés tout au long des saisons. Lorsque ce cycle est déstabilisé pour quelque raison que ce soit, les déséquilibres risquent de se transmettre d’une saison à l’autre. Et tant qu’on n’aura pas correctement traité la cause, il sera difficile de retrouver un équilibre durable. Une bonne idée pour débuter cette démarche serait de s’arrêter pour prendre une pause et observer, et après avoir identifié la source du déséquilibre, laisser le passé derrière nous, et le futur là où il est, pour se recentrer dans le présent. Car c’est dans le moment présent que se trouvent la joie et la sérénité, qu’une réelle compréhension peut s’établir, et que l’équilibre peut être retrouvé.

Recommandations sur le plan général

– Rentrer dans nos racines et contacter notre intériorité
– Economiser l’énergie Yang (déploiement, extériorisation, dispersion, agitation, mouvement, rapidité)
– Se couvrir en particulier les pieds, éventuellement se réchauffer les lombaires avec une ceinture de flanelle ou une bouillotte !
– Sommeil prolongé (plus de 8 h) qui représente le meilleur moyen de seconder le mouvement de conservation.
– En cas de mal aux lombes, appliquer quelques gouttes d’huile essentielle de gingembre (sur une huile d’amande douce par exemple) et une bouillotte ; réchauffer les reins !!
– Pour tonifier l’énergie des reins, appliquer de l’huile essentielle de cannelle sur la région lombaire.

Recommandations sur le plan diététique

– Consommer des aliments tièdes : millet, quinoa, riz noir, crevettes, poulets
– Supprimer les boissons froides et les aliments froids (tomates, concombres, agrumes, glaces) ; manger et boire chaud
– Consommer les légumes racines (navets, carottes, cèleri, panais, crosnes, salsifis, topinambours) potimarrons, oignons, poireaux
– Les soupes nourrissent le yin (y ajouter des algues)
– Eviter l’excès de sel (le pain) privilégier les aliments salés naturellement : les algues, poisson et fruits de mer)
– Plantes tièdes ou chaudes, amères : genièvre, basilic, semence d’angélique, cumin, mélisse, spirée ulmaire, bruyère, busserole, prêle (en tisanes), cannelle, clou de girofle, muscade, en épices ou, pour la cannelle, en décoction.
– La cannelle tonifie le Yang des reins, Le Ginseng également ainsi que les champignons sacrés ( Cordyceps , Chitake, MAitaké ,Reishi )
– Diminuer la saveur salée et augmenter la saveur amère pour protéger le cœur
– Après avoir mangé, masser la région ombilicale avec les 2paumesdu centre de la périphérie 63 fois puis de la périphérie vers le centre. Cela allège la digestion
– Au moindre refroidissement, boire une infusion de gingembre (additionnée ou non de citron) pour chasser le froid qui envahit les poumons
– Consommer le café des guerriers, un café adaptogène enrichi en champignons médicinaux chinois (https://cafedesguerriers.fr)

Le son thérapeutique du Qi Gong

Le souffle pour les reins est le son chui (bouche fermée , avec les dents en expirant , bouche resserrée en faisant vibrer les gencives ,les dents, la pointe du palais, la pointe de la langue l’extrémité des lèvres –ce qui stimule Ren Mai et Tu Mai sur la noté puis mi ).

On évoque la couleur noire à l’expiration et on expire en soufflant, lèvres étirées vers l’extérieur en expirant le froid en excès. On peut ressentir le son jusque à l’ombilic.et on se concentre sur le Roe Yin (le périnée) : aspirer le périnée vers le haut en faisant le son.
Expulser l’excès de froid, ou la peur en faisant le son.

Mouvements conseillés

– Flexion en embrassant les genoux et en lâchant les lombaires
– Debout, pieds cramponnés au sol de manière à stimuler les Yong Quan : fontaine jaillissante
– Se laisser descendre dans son bassin, dans le périnée et dans les points d’appui, nourrir et stimuler Ming Men par des exercices de Dao Yin
– Mouvements lents favorisant le retour des énergies vers le bas du corps et le centre
– Se mettre en retraite, se tapir, s’enclore.

Posture Qi Gong

– Posture de l’arbre (Zhan Zhuang), posture du cavalier (Ma Bu)
– Posture de la pince qui stimule les méridiens de la vessie
– Ba Duan Jin
– Automassages : Ming Men, 20 VB, battre le tambour céleste, 1 rein, 36 E, massage des chevilles et des pieds
– Qi Gong pour tonifier les reins de Ke Wen
– Qi Gong de la tortue du Wu Dang
– Qi Gong du singe et posture statique du singe

https://www.youtube.com/watch?v=5X0n5M01XYk